Vincent Laudinat Directeur général de l’Institut Technique de la Betterave

« La recherche doit répondre aux besoins des agriculteurs, des industriels et aux attentes de la société. »

Vincent Laudinat Directeur général de l’Institut Technique de la Betterave

Décembre 2021

Organisme de recherche appliquée, l’Institut Technique de la Betterave se consacre à la betterave sucrière. Il apporte son expertise aux agriculteurs et industriels de la filière betterave-sucre-alcool française et participe à des programmes de recherches à l’international. Son directeur général, Vincent Laudinat, revient sur les défis auxquels ce secteur clé de l’agro-industrie nationale est actuellement confronté.

Quelles sont les missions de l’Institut Technique de la Betterave ?

L’ITB est un « institut technique agricole » qui, à ce titre, est une structure qualifiée par le Ministère de l’Agriculture. Ce statut garantit l’intégrité technique et scientifique de nos travaux. Il est obtenu au terme d’une procédure complexe qu’il faut renouveler tous les cinq ans. Nos équipes se consacrent à l’amélioration de la productivité et à la compétitivité de la betterave sucrière française. Nous travaillons sur tous les paramètres, sur les moindres détails, qui peuvent faire que la betterave pousse bien, en bonne santé, et qu’elle produise un maximum de matière organique – notamment du sucre – avec un minimum d’intrants. Nos activités couvrent de larges domaines : la génétique et la sélection variétale (basées sur le croisement des nombreuses variétés sauvages et domestiques existant dans le monde), l’agronomie et les techniques culturales, mais aussi les nouvelles technologies dédiées au pilotage des cultures, à la caractérisation des plantes (phénotypage) ou encore aux robots de désherbage...

En quoi l’ITB se distingue-t-il d’autres organismes experts de filières agricoles ?

Nos travaux sont focalisés sur une seule espèce, la betterave sucrière. Nos équipes se répartissent entre les chercheurs, basés à Paris, et les ingénieurs et techniciens qui sont en permanence sur le terrain, au contact direct du monde agricole. Nous disposons de parcelles expérimentales sur sept régions de production betteravière où nos techniciennes et techniciens se consacrent aux programmes d’essais. De plus, ils ont une mission d’observation locale et de conseil aux agriculteurs, ce qui permet de réagir en temps réel à certaines situations comme l’apparition de maladies.  Enfin, à la différence d’autres cultures, la betterave sucrière n’est pas un « produit fini » : elle nécessite une transformation. Ainsi, au-delà des planteurs, nous devons prendre en compte les réalités industrielles.

L’Institut est donc un élément structurel de la filière betterave-sucre-alcool ?

L’ITB est effectivement un organisme interprofessionnel orienté vers tous les débouchés d’une plante dont chaque élément est valorisé par l’industrie : le sucre, l’alcool (dont les gels hydro-alcooliques), mais aussi les pulpes destinées à l’alimentation animale et les coproduits comme la mélasse et les écumes, qui reviennent aux cultures en tant qu’engrais organiques. Le travail sur le vivant que nous effectuons est un élément structurant qui contribue à part entière aux performances et à la robustesse de la filière.

La betterave sucrière est une des cultures qui a le plus progressé au cours des dernières décennies, en termes de performances et d’amélioration de l’impact environnemental. Quelle est la part de la recherche dans ces avancées ?

L’Institut joue un rôle majeur dans la création et la diffusion du progrès technique dans toute la filière. Accéder à une connaissance de plus en plus fine de la physiologie de la plante permet notamment de limiter les intrants en les appliquant avec précision, au bon moment et au juste endroit. Sur une trentaine d’années, en moyenne, les rendements en sucre ont progressé d’environ 30 % tandis que l’utilisation de fertilisants minéraux a diminué de moitié pour les engrais azotés et de 70 % pour les engrais phosphatés et potassiques. Par ailleurs, nos travaux sur les nouvelles techniques de désherbage font référence dans le monde agricole. C’est pourquoi nous avons créé le salon professionnel Désherb’Avenir entièrement dédié à ce thème.

L’actualité betteravière des deux dernières années a été marquée par des épidémies de jaunisse...

En réalité, nous sommes confrontés à plusieurs virus de jaunisse, une maladie transmise par les pucerons. Lors de la piqûre, le virus pénètre dans la cellule de la betterave et détourne ses fonctions essentielles afin de favoriser la multiplication du virus au détriment de la photosynthèse chlorophyllienne qui, en temps normal, assure la croissance de la plante. Il faut savoir que le puceron vecteur de contamination se reproduit de manière exponentielle. Un puceron peut produire 37 milliards d’individus en soixante-dix jours sur une parcelle, dans des conditions climatiques propices à la reproduction. En cas de forte infestation, les produits insecticides par épandage sont insuffisants. C’est ce qui est arrivé en 2020 où un tiers des récoltes ont été détruites par les jaunisses.

Où en est-on aujourd’hui, avec quelles perspectives à court et moyen termes ?

Afin de trouver des alternatives aux néonicotinoïdes – seule solution réellement efficace connue à ce jour – nous avons reçu le soutien du gouvernement pour lancer le vaste Programme National de Recherche et Innovation (PNRI) que nous conduisons en collaboration avec INRAE. Plus de vingt projets de recherche ont été déposés par des structures universitaires et privées de recherche scientifique avec pour objectif de déboucher sur des solutions à l’horizon 2024. Toutes les pistes et combinaisons de solutions seront explorées dans tous les domaines : agroécologie, introduction de prédateurs du puceron, succession des cultures... La génétique est l’une de ces solutions potentielles avec le développement de variétés résistantes ou présentant des caractéristiques qui détournent le puceron (odeur, couleur, pilosité). Ces travaux représentent une accumulation d’expériences qui bénéficieront à d’autres cultures.

Au-delà de cet enjeu, sur quelles recherches d’avenir l’ITB est-il aujourd'hui engagé ?

La physiologie végétale offre un champ infini de possibilités : il y aura toujours quelque chose à faire ! Le réchauffement climatique nous pose, à lui seul, de nombreux défis. Nous sommes par exemple confrontés à l’arrivée de ravageurs qui n’existaient pas dans nos régions de production, à l’image du charançon Lixus.. Nous devons anticiper toutes les modifications de l’environnement de la betterave induites par l’évolution climatique. Nos travaux et nos efforts sont ainsi orientés vers les besoins des agriculteurs et des industriels et, de manière plus globale, vers les attentes de la société. Nous mobilisons pour cela les hautes technologies, les techniques agronomiques et les conditions expérimentales qui aideront à produire autrement, dans le cadre des réalités économiques et dans le respect de l’environnement.

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