Octobre 2023
Si "canne" et "betterave" riment avant tout avec "sucre", leur transformation génère également d'intéressantes ressources appelées "coproduits".
Lors de la campagne 2023-2024, la France a compté 20 sucreries de betteraves en métropole (nord et est de la France principalement) et 5 sucreries de canne dans les départements d’Outre-mer, donnant lieu à une production de sucre de l’ordre de 4,4 millions de tonnes.
La betterave possède d’autres ressources intéressantes, sous la forme de coproduits issus du procédé d’extraction du sucre de la betterave. Principalement exploités sous la forme de mélasse ou de pulpes, ces coproduits disposent l’un et l’autre de champs d’application variés.
Les fibres
Une fois le jus extrait, les pulpes de betterave pressées ou déshydratées constituent un bon aliment pour le bétail. Les pulpes peuvent également être destinées à la fabrication des pectines industrielles ou des fibres alimentaires contenues dans les produits "enrichis en fibres".
L’équivalent des pulpes dans la production du sucre de canne s’appelle la bagasse. Son important pouvoir calorifique (4 000 kcal par kilo) en fait un bon combustible dans les sucreries, dont elle constitue bien souvent l’unique source d’énergie. Les excédents de bagasse trouvent des débouchés dans la fabrication de cires, de papier, d'emballages ou encore d’isolants thermiques ou sonores.
Les écumes
Les écumes, résultant de l’épuration, sont pressées puis compactées sous forme de tourteaux. Elles sont utilisées comme fertilisants calcaires sur les parcelles agricoles.
La mélasse
Sirop non cristallisable issu du troisième jet de cuisson, la mélasse contient 50 % de son poids en sucre. Elle connaît de nombreux débouchés. On la retrouve dans la composition de certains produits pour l’alimentation animale tandis que ses propriétés de fermentation sont exploitées dans la production de levure de boulangerie, d’acides aminés utilisés comme condiments, et d’acide citrique pour la confiserie et les boissons non alcoolisées. La mélasse permet aussi de fabriquer de l’alcool.
En outre, la mélasse de canne est encore appréciée de certains consommateurs d’Amérique du Nord. Ils prônent sa richesse en vitamine B et minéraux. Son gros désavantage ? L’esthétique : elle est présente sous la forme d’une espèce de pâte visqueuse et brunâtre, loin d’ouvrir l’appétit des fines bouches.
L’alcool
L’alcool de jus de betterave peut être fabriqué à partir du jus de betterave pur ou bien à partir de la mélasse. Dans le premier cas, les betteraves sont travaillées en vue d’obtenir un jus sucré et des pulpes tout comme en sucrerie. On ajoute des levures de boulangerie au jus sucré, qui le fermentent, transformant le sucre en alcool ou éthanol, qui est ensuite distillé. Une tonne de betterave fournit en moyenne 90 à 100 litres d’alcool.
La fabrication de l’alcool à partir de mélasse est la même, excepté que la mélasse est diluée avant d’être mise en fermentation. Les rendements sont de l’ordre de 300 litres d’alcool par tonne de mélasse. L’alcool obtenu à partir de la betterave est destiné à plusieurs usages : la consommation humaine (production de spiritueux, parfumerie, vinaigrerie et pharmacie), usage ménager (produits d’entretien, alcool à brûler...) et chimique (solvants...). Et très récemment, une importante utilisation d’alcool de betteraves pour faire du gel hydro-alcoolique.
Pour ce qui concerne l’alcool issu de la canne, les utilisations sont identiques mais il faut y ajouter la production de rhum bien sûr. On l’appelle rhum de plantation ou rhum agricole quand il est obtenu par fermentation et distillation du jus de canne et "rhum" industriel quand il est produit à partir de la mélasse de canne.
La vinasse
Après fermentation des jus sucrés par les levures, on obtient de l'alcool et de la vinasse. Riche en azote, la vinasse est utilisée comme fertilisant pour les cultures conventionnelles et biologiques.
L'éthanol carburant ou bioéthanol
Aujourd’hui, la destination majeure de l’alcool de betteraves est l’alcool-carburant ou bioéthanol, un alcool très pur dont on a retiré les dernières traces d’eau.
C’est la seule énergie renouvelable immédiatement disponible pour remplacer une partie de l’essence. Mélangé à l’essence, le bioéthanol permet de diminuer les émissions nettes de gaz à effet de serre.