Novembre 2023
« Finis ton assiette », ou « Pas de gâteaux » : quel est l’impact des injonctions parentales, incitatives ou restrictives, sur l’alimentation intuitive (AI) [1] de l’adolescent à court et à long terme ? L’étude des données de 1 383 participants de l’étude américaine EAT 2010-2018 réfutent ce qu’anticipaient les chercheurs, à savoir qu’une alimentation restrictive ou incitative durant l'adolescence serait associée à une AI plus faible de l’adolescent puis du jeune adulte, d’autant plus marquée que les parents s’inquiètent du poids de leur enfant.
Mais, tout n’est pas si simple. Des injonctions parentales restrictives allaient de pair avec une moindre AI chez les adolescents, mais cette association s’avérait plus forte lorsque les parents étaient peu inquiets du poids de leur progéniture. Alors que pour des parents incitatifs, cela allait de pair avec une moindre AI chez les garçons, mais c’était l’inverse chez les filles (Figure). Et dans la durée, une pression parentale pour manger à l’adolescence (14 ans) prédisait une moindre AI chez le jeune adulte (22 ans) lorsque les parents ne s’inquiétaient pas du poids de l’adolescent, mais stimulait l’AI chez les jeunes dont les parents étaient préoccupés par les kilos de leur adolescent. Les auteurs supposent que d’autres facteurs, comme l’insécurité alimentaire (être sûr que l’enfant mange assez, sans pour autant grever les réserves alimentaires), pourraient expliquer ces surprenants résultats.
Figure : Association entre la pression parentale à manger et l’alimentation intuitive chez les adolescents
On observe une situation inversée selon le sexe de l’enfant : la pression parentale pour manger va de pair avec une moindre alimentation intuitive (AI) chez les garçons (courbe rouge), mais accroit l’AI chez les filles (en vert).
[1] faculté à se nourrir en fonction des signaux de faim et de satiété de son corps