Février 2025
Le diabète de type 2 est un facteur de risque reconnu de maladies cardiovasculaires liées à l’athérosclérose [ASCVD [1]], cette accumulation de plaques dans les parois des artères qui incluent les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux. Mais qu’en est-il du prédiabète, et celui-ci mérite-t-il une prise en charge clinique ? Des chercheurs nord-américains ont utilisé les données de près de 300 000 sujets de la cohorte UK Biobank pour évaluer le risque sur 10 ans d’apparition d’une ASCVD ou d’évolution vers un diabète de type 2 (DT2) chez des individus hautement prédiabétiques (hémoglobine glyquée HBA1c de 6,1 à 6,4 % [2]) ou faiblement prédiabétiques (HbA1c de 5,7 à 6) par rapport à des sujets non prédiabétiques (taux normal d’hémoglobine glyquée).
Conclusions ? Oui, le risque de développer une ASCVD est bel et bien accru en cas de prédiabète, et ce d’autant plus que le niveau de prédiabète est élevé (Figure). Le sur-risque est observé chez les hommes faiblement et hautement prédiabétiques, et chez les femmes hautement prédiabétiques (mais pas celles faiblement prédiabétiques). Ainsi, sur une période de 10 ans, 15 % des hommes et 10 % des femmes hautement prédiabétiques développeront une ASCVD. Le risque de voir son prédiabète évoluer vers un DT2 est encore plus marqué : sur une période de 10 ans, 1/3 des hommes et 1/4 des femmes hautement prédiabétiques développeront un DT2 (contre quelque 1 % des sujets sans prédiabète). La présence d’une obésité abdominale renforce le risque d’évolution vers un DT2 dans la quasi-totalité des groupes étudiés. Toutefois, des profils de risques variés apparaissent : par exemple, le risque absolu de développer un DT2 reste faible chez les sujets normoglycémiques, même en cas d’obésité abdominale ; à l’inverse, il est élevé chez tous les hommes hautement prédiabétiques, même ceux présentant les plus faibles tours de taille.
Pour les chercheurs, ces différences invitent à des prises en charges individualisées au regard des profils de risque des patients, à établir à la fois à partir des données d’hémoglobine glyquée et d’obésité abdominale. Notamment les rapports bénéfices/risques des traitements pharmacologiques tels que les analogues du GLP-1 devraient être pesés au cas par cas.

Figure : Taux d’incidence d’une maladie cardiovasculaire liée à l’athérosclérose (ASCVD- graphique supérieur) et du diabète de type 2 (DM-graphique inférieur) selon le sexe et le taux d’hémoglobine glyquée (< 5,7% : pas de prédiabète ; 5,7%-6,0% : faible prédiabète ; 6,1%-6,4% : haut prédiabète)
[1] Atherosclerotic cardiovascular disease
[2] Pourcentage d’hémoglobine liée au glucose