Janvier 2025
L’orthorexie, définie par une obsession pour une alimentation saine, est un trouble alimentaire pouvant engendrer des comportements restrictifs et des troubles psychosociaux. Comme dans d'autres troubles alimentaires, les facteurs de risque incluent des traits de personnalité. Des chercheurs ont ici exploré la relation entre orthorexie et perfectionnisme à travers une première revue systématique et méta-analyse, incluant 18 études (soit plus de 7 000 individus), dont 12 retenues pour la méta-analyse (près de 5 000 participants).
Le perfectionnisme est un trait psychologique conceptualisé à travers deux dimensions :
- les ambitions perfectionnistes, correspondant à des ambitions personnelles élevées et à la recherche de perfection,
- et les préoccupations perfectionnistes, correspondant aux inquiétudes autour de l’erreur et du jugement des autres.
Les ambitions perfectionnistes dominent
La méta-analyse a mis en évidence des corrélations positives significatives de l’orthorexie avec à la fois les ambitions perfectionnistes (corrélation=0,27) et les préoccupations perfectionnistes (corrélation=0,25). Toutefois, après avoir isolé l’effet propre de chaque dimension en contrôlant l’effet de l’autre dimension, seules les ambitions perfectionnistes restaient associées à l’orthorexie. Autrement dit, la recherche d’un idéal alimentaire, propre à l’orthorexie, semble être davantage liée aux objectifs ambitieux qu’aux préoccupations d’échec.
L’orthorexie se distingue donc des autres troubles alimentaires tels que l’anorexie ou la boulimie, où ce sont les préoccupations perfectionnistes qui dominent (voir notre précédente brève à ce sujet). En effet, si l'adhésion à des règles alimentaires rigides et strictes est commune aux différents troubles de l'alimentation, la dimension dominante du perfectionnisme diffère en fonction du trouble alimentaire. Par exemple, l’anorexie est axée sur la peur d’une prise de poids ou sur l’apparence physique (préoccupations perfectionnistes), alors que l’orthorexie est davantage centrée sur le désir d’être en parfaite santé (ambitions perfectionnistes).
Ces relations restent à explorer dans d’autres populations puisque les études analysées ont été menées dans les domaines de l'éducation ou du sport uniquement, et concernaient majoritairement des femmes adultes. Toutefois, l’âge, le sexe, le domaine (éducation ou sport) et les outils de mesure (orthorexie et perfectionnisme) n’impactaient pas les relations observées (hormis pour l’instrument de mesure de l’orthorexie qui pouvait moduler la relation avec les préoccupations perfectionnistes). Enfin, les auteurs regrettent que la plupart des études soient transversales, empêchant d'établir un lien de causalité entre les deux concepts, ou d'examiner l'évolution de l'orthorexie.