Janvier 2025
L’alimentation en pleine conscience peut-elle aider à mettre fin à un moment de consommation alimentaire ? Un chercheur en psychologie de l’Université de Birmingham au Royaume-Uni a étudié la question dans une étude en ligne, à travers l’analyse des réponses de 485 sujets (273 femmes, 27 ans en moyenne) à deux questionnaires.
Etudier les corrélations entre l’alimentation en pleine conscience et les motifs d’arrêt alimentaire
Le questionnaire validé MEBS-T (Mindful Eating Behavior Scale-Trait) mesure deux sous-dimensions distinctes de l’alimentation de pleine conscience :
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l’attention aux sensations corporelles et sensorielles (« Je goûte pleinement ce que je mange ») (SA pour sensory attention) ;
- la conscience sans jugement (NJA pour non-judgmental awareness), ou le fait de porter volontairement sa conscience sur l'instant présent, sans jugement des pensées qui surviennent (« Je maintiens mon attention sur ce que je mange, même si je constate l'apparition de pensées et/ou de sentiments pendant que je mange. »). En cela, la conscience sans jugement est considérée comme une attention réitérée et une forme d’autorégulation de l'attention sensorielle.
Le questionnaire RISE-15 (RISE pour Reasons Individuals Stop Eating) permet quant à lui de déterminer la fréquence à laquelle les sujets arrêtent de manger pour les motifs suivants :
- la diminution de l’attrait alimentaire (DFA pour decreased food appeal) fait référence à la réduction de l’envie ou du plaisir de manger qui survient au cours de l’acte alimentaire ;
- la satisfaction physique (PS pour physical satisfaction) désigne la sensation de plénitude après un repas ;
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les quantités prédéfinies (PA pour planned amounts) font référence aux décisions prises avant de manger sur la quantité à consommer ;
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la conscience de soi (SC, pour self-consciousness) pointe la tendance à comparer sa propre prise alimentaire à celle des autres, et à réprimer certaines consommations sous l’effet des émotions négatives (ex. culpabilité) ressenties ;
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la diminution de la priorité accordée à l'alimentation (DPE pour decreased priority of eating) désigne la diminution de l’intérêt à manger, la motivation pour d’autres activités (travail, loisirs…) prenant le pas.
Des associations spécifiques avec chaque facette de l’alimentation en conscience
Les résultats révèlent des relations positives entre l’alimentation de pleine conscience dans son ensemble (1er questionnaire), et trois des cinq catégories de raisons incitant à arrêter de manger (2e questionnaire) : la diminution de l’attrait alimentaire (DFA), la satisfaction physique (PS) et le fait de prédéfinir des quantités (PA). Ces relations sont également retrouvées pour chacune des deux facettes de l’alimentation de pleine conscience – l’attention aux sensations et la conscience sans jugement.
Des relations distinctes sont retrouvées entre chacune des deux facettes de l’alimentation de pleine conscience et les deux autres motifs d’arrêt de la prise alimentaire (la conscience de soi et la diminution de la priorité accordée à l'alimentation).
- Notamment, l’attention portée aux sensations (SA), première dimension de l’alimentation en pleine conscience :
- va de pair avec une moindre conscience de soi (ou tendance à comparer sa prise alimentaire à celle des autres),
- et est inversement corrélée à la diminution de la priorité accordée à l'alimentation : plus l’attention se focalise sur les sensations, plus la motivation à manger reste longtemps au premier plan.
- À l’inverse, la conscience sans jugement (NJA), seconde dimension de l’alimentation en pleine conscience, affiche des corrélations positives avec ces mêmes deux motifs d’arrêt de la prise alimentaire.
Bien qu’il s’agisse à ce stade seulement d’associations observées, ces résultats suggèrent que l’attention portée aux sensations (SA) et la conscience sans jugement (NJA), deux facettes distinctes de l’alimentation de pleine conscience, pourraient influencer différemment l’arrêt de la prise alimentaire. Ces relations mériteront d’être approfondies et prises en compte dans les futurs travaux de recherche cherchant à établir des stratégies effectives de gestion du poids, en tenant compte de leurs effets respectifs sur l'autorégulation des émotions négatives et la comparaison sociale.