Juin 2023
Devant la pléthore d’études épidémiologiques ayant relié la consommation d’aliments ultra-transformés (AUT) – tels que définis par la classification NOVA – au risque d’obésité, la tentation est grande d’utiliser le degré de transformation industrielle des aliments comme critère d’éviction pour formuler des recommandations alimentaires.
Alors que la consommation d’AUT atteint des records dans leur pays, des chercheurs américains publient toutefois une revue mettant en garde contre l’utilisation d’un tel système. D’abord parce que la classification NOVA, plutôt que de véhiculer un discours positif selon lequel tous les aliments ont leur place dans une alimentation équilibrée (moyennant des portions et/ou fréquences limitées pour certains d’entre eux), met l’accent sur les aliments à éviter. Ensuite parce que le rationnel scientifique derrière un système basé sur le degré de transformation reste pauvre. Ainsi, en reprenant point par point les caractéristiques des AUT pointées pour leurs méfaits sur le poids (Tableau 1), les chercheurs montrent qu’elles ne sont pas l’apanage des AUT et peuvent aussi concerner les aliments peu transformés (ex : densité énergétique élevée). En outre, les preuves mécanistiques à l’appui d’effets néfastes des AUT sont limitées et indirectes (ex : études in vivo seulement…). Enfin, certains AUT ou leurs ingrédients pourraient même se révéler favorables au maintien d’un poids stable dans certains cas (ex : innovations permettant des reformulations nutritionnelles…).
Pour les chercheurs, ces zones d’ombre mériteront d’être résolues avant toute utilisation du système NOVA à des fins de politiques publiques, de même que la définition des AUT méritera d’être consolidée. Des conclusions qui ne vont pas sans rappeler celles des travaux parlementaires français en cours sur les AUT.
Selon une revue, les pistes explicatives associant les aliments ultra-transformés (AUT) au risque d’obésité manquent de spécificité (des aliments peu transformés peuvent présenter ces mêmes caractéristiques), de clarté (mécanismes peu ou non établis) et/ou de cohérence (effets opposés de certains ingrédients des AUT sur la prise de poids).