Anorexie mentale atypique : un trouble encore mal étudié

Anorexie mentale atypique : un trouble encore mal étudié | Cultures Sucre

Juin 2024

En 2013, le DSM-5[1] a établi l’anorexie mentale atypique (ou AAN pour Atypical Anorexia nervosa, en anglais) comme un trouble alimentaire à part entière. Sa définition ? Tous les critères de l’anorexie mentale sont présents – restrictions des apports alimentaires, peur importante de prendre du poids, perception altérée du poids et de la silhouette –, mais en dépit d’une perte de poids significative, le poids de l’individu se situe dans la fourchette des valeurs normales, ou au-dessus.

Dix ans après, des chercheurs ont voulu faire le point sur l’étendue des connaissances acquises sur ce trouble alimentaire, en particulier en termes de diagnostic et de prise en charge. Leur revue exploratoire recense un peu plus de 300 publications mentionnant l’AAN. Toutefois, les deux tiers d’entre elles regroupent l’AAN avec d’autres troubles alimentaires tels que l’anorexie mentale classique, empêchant des conclusions spécifiques à l’AAN. Si tous les articles indiquent avoir pris en compte les critères de diagnostic de l’AAN appropriés, dans les faits, très peu spécifient les critères ou seuils utilisés. Notamment, seulement 4 % des articles précisent les critères adoptés pour juger que la perte de poids est « significative ». Quand ce critère est précisé, il varie d’une perte de ≥ 5 % à > 25 % du poids corporel. Pour les chercheurs, ce manque de transparence et la variabilité de la valeur utilisée reflète le manque de précision de la définition du DSM-5, laissée à l’appréciation des cliniciens et pouvant nuire à la bonne reconnaissance de ce trouble chez des patients, encore parfois à tort peu pris au sérieux. Enfin, seulement 10 articles ont évalué l’efficacité des traitements (thérapies comportementales, interventions nutritionnelles...) de façon spécifique pour l’AAN. Il s’agit généralement d’études de petite taille (voire des rapports de cas isolés) souffrant de lacunes méthodologiques importantes.

Des recommandations sont ainsi formulées pour les études à venir afin de lever ces barrières et de pouvoir définir des stratégies ciblées et efficaces pour prendre en charge les patients souffrant d’AAN.

[1] Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et des troubles psychiatriques de l'Association américaine de psychiatrie
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