Interview
de Jean Lefèvre

Betteravier dans l’Oise

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Juillet 2023

Quelle place tient aujourd'hui la betterave à sucre dans votre exploitation ?

Je suis agriculteur dans une ferme familiale, avec deux salariés. La betterave est cultivée depuis de nombreuses années sur nos terres, sur deux sites distants de dix-sept kilomètres. Elle a un premier avantage que peu soupçonne, celle d’être verte en été, et donc de ne pas être sujette aux incendies de champs, à la différence des céréales. Il y a deux ou trois ans, il y eu beaucoup d'incendies de champs dans le Val d’Oise, et nous avons mis en place différentes stratégies de défense pour aider les pompiers. L’une des cultures qui nous aidaient beaucoup, c'était la betterave.

Cette plante permet bien sûr de faire du sucre, source d’énergie pour les hommes, mais aussi pour les autres organismes dans le sol. En termes d'agronomie, elle est intéressante puisqu’elle s’intercale dans les rotations céréalières. C’est son second avantage. Mon père et moi avons toujours eu envie de développer cette culture, qui représentait jusqu’à 90 Ha, soit près d’un quart des surfaces de l’exploitation. Depuis quelques années, difficultés agronomiques et prix bas ont fait réduire les surfaces à 33 Ha seulement. Mais l’objectif est bien de conserver cette plante pour deux raisons. La première, c'est une super plante qui a une vraie résistance à la chaleur et une tolérance à la sécheresse assez importante. La seconde, c'est qu'il y a tout une structure derrière, à savoir une coopérative et une filière qui vivent.

La betterave à sucre est toutefois une plante qui exige de la visibilité sur la production et non uniquement sur le prix de rendement ou les contrats. Il est primordial de sécuriser la production, ce que nous nous évertuons à faire avec la CGB (Confédération Générale des Planteurs de Betteraves) et l’ITB (Institut Technique de la Betterave). Travaillant en étroite collaboration avec l’ITB, de nombreuses recherches sont effectuées afin que les nouvelles semences deviennent plus tolérantes à la jaunisse.

Je crois sincèrement en la recherche. Les semenciers se sont associés pour trouver le gène résistant à la maladie. Le seul bémol, c’est que lorsqu’une plante est plus tolérante à une maladie, elle devient aussi moins productive. Une fois la tolérance ou/et la résistance acquises, il faudra travailler sur la productivité : Si le rendement n’est pas satisfaisant, le prix ne sera évidemment pas suffisant. Je suis certain qu’ils vont trouver, mais la question est de savoir quand.

Vous êtes agriculteur dans le département de l’Oise, comment se manifeste cet ancrage de la filière betteravière ?

Dans notre département, il y a toujours eu plusieurs usines, notamment celles des Chevrières ou encore celle de Vauciennes, entre Paris et Soissons. C’est une zone qui a toujours été très betteravière et bien ancrée dans les fermes de nos agriculteurs. Si demain, nous avons une solution pour redevenir le fleuron de la production betteravière française, évidemment -et j’en suis certain-, les agriculteurs s’orienteront à nouveau vers cette culture. La filière betterave-sucre, avec tous ses acteurs, doit trouver des solutions, dans les 2-3 ans pour redonner de la confiance aux agriculteurs.

Être betteravier dans le Nord, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Notre filière betterave-sucre reste fragile face aux difficultés agronomiques et aux contraintes réglementaires qui s’accumulent. La France risque de perdre sa place de leader en Europe pour le sucre. Par ailleurs, plus la zone betteravière se situe au nord, moins elle a de risque d’avoir la jaunisse. Tout est une question de température. Quand les températures sont basses, il y a moins de maladies et moins de pucerons. Par conséquent, les pays nordiques, qui sèment en même temps que nous sont moins touchés et gagnent plusieurs jours, permettant ainsi à la betterave de croître dans de bonnes conditions. Une fois développée, elle n'est plus sensible à la piqûre du puceron. Les départements betteraviers les plus au sud sont en général touchés en premier et plus sévèrement.

Un dernier mot, plus léger, pour finir : Quelle est votre spécialité ou dessert préféré ?

J’aime beaucoup les desserts, particulièrement la tarte au sucre. Ma maman étant du Nord, c’est un dessert que j’affectionne particulièrement ! En revanche, il faut faire un bon nombre de kilomètres pour l’éliminer… Mais c’est délicieux ! Il y aussi le caramel au beurre salé, cela ne vient certes pas du Nord, mais on en utilise beaucoup dans les Hauts-de-France. Je suis très fier de savoir que cette année, la région Hauts-de-France est labellisée région européenne de la gastronomie. C’est de loin la meilleure région de la gastronomie de France !

Une chose que l’on ne sait pas toujours c’est que le sucre permet de faire de la levure que l’on retrouve dans tous les gâteaux et dans toutes les bières. Le sucre est essentiel de bien des manières ! On a de la chance dans la région d’avoir une diversité extraordinaire de cultures. Vous allez dans n’importe quel département des Hauts-de-France, le paysage change en fonction des cultures différentes qui y sont implantées. Grâce à cela, un grand nombre d’industries locales mais aussi nationales s’y sont installées, comme la plupart des groupes sucriers, mais aussi des entreprises de gâteaux, de conserves de légumes, etc… Mais aussi de plus en plus de magasins qui proposent des produits locaux grâces auxquels vous pouvez manger des produits très différents. C’est génial !

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