Juillet 2023
Douleurs abdominales, constipation, mauvaise digestion…en cas de troubles gastro-intestinaux fonctionnels (TGIF) chez l’enfant ou l’adolescent, certaines adaptations du régime alimentaire sont-elles efficaces pour soulager les symptômes ? Des chercheurs ont fait le point sur l’état des connaissances à travers une revue systématique de la littérature.
Les auteurs ont ciblé les TGIF les plus fréquents, à savoir le syndrome de l’intestin irritable, la douleur abdominale fonctionnelle (chronique ou récurrente), la dyspepsie fonctionnelle et la constipation fonctionnelle. Ils ont recensé les études évaluant l’efficacité de différents régimes : pauvre en FODMAPS1 ; pauvre en fructose ou en lactose ; sans gluten ; et méditerranéen. L’évaluation de l’efficacité des régimes portait sur la douleur abdominale (fréquence ou sévérité), mais aussi sur les autres symptômes gastro-intestinaux (distension, gaz, qualité de vie, etc.). Quinze essais cliniques portant sur des enfants et adolescents de 3 à 18 ans ont été analysés : des essais contrôlés randomisés, mais aussi des essais non randomisés et des études mono-bras (i.e. sans groupe témoin). Cependant, seules trois études présentaient un niveau de preuve jugé satisfaisant, les autres ayant un risque de biais modéré (8 études) ou élevé (4 études).
Le régime pauvre en FODMAPS, à réserver à quelques patients ciblés
Concernant le régime pauvre en FODMAPS, les chercheurs estiment que les données chez l’enfant souffrant de différents TGIF sont insuffisantes et présentent des résultats contradictoires. Alors que le régime pauvre en FODMAPS est reconnu comme efficace dans la prise en charge du syndrome de l’intestin irritable chez l’adulte, il semble réduire la douleur uniquement chez certains enfants, identifiés comme répondeurs au régime. Le microbiote intestinal et le profil métabolique de celui-ci à l’inclusion joueraient un rôle dans cette réponse au régime. Ainsi, en l’absence de preuves solides, le régime pauvre en FODMAPS n’est pas à recommander chez les enfants souffrant de TGIF, hormis chez quelques patients ciblés souffrant du syndrome de l’intestin irritable. En effet, en raison de l’exclusion de nombreux fruits et légumes dans ce régime, l’apport en nutriments pourrait être moins adéquat et le comportement alimentaire altéré. Ces conclusions sont en adéquation avec la prise de position récente de la société européenne de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique (ESPGHAN).
Le régime pauvre en fructose ou en lactose
Les régimes pauvres en fructose ou en lactose sont des régimes moins restrictifs couramment proposés en pratique clinique en cas de troubles gastro-intestinaux. En effet, l’intolérance et la malabsorption du fructose et du lactose font partie des causes possibles des douleurs abdominales récurrentes. Or une fois encore, l’efficacité de ces régimes n’est pas clairement établie en raison de résultats contradictoires et d’études comportant des biais importants. Toutefois, bien qu’ils pointent une absence de preuve formelle, les chercheurs n’excluent pas que certains patients souffrant de douleurs abdominales récurrentes ou d’un syndrome de l’intestin irritable puissent voir leurs symptômes améliorés avec un régime pauvre en fructose ou en lactose, mais les quantités de lactose ou de fructose tolérées ne sont pas connues.
Peu de preuves pour le régime sans gluten
Chez l’enfant comme chez l’adulte, des troubles intestinaux ou non intestinaux (maux de tête, éruption cutanée, etc.) ont été rapportés suite à l’ingestion de gluten ou de blé par des patients sans maladie cœliaque ni allergie au blé diagnostiquées. Cette sensibilité non cœliaque au gluten ou au blé a motivé l’introduction de régimes sans gluten chez certains de ces patients. Cependant, leur efficacité n’a pas été démontrée.
Le régime méditerranéen, prometteur
Le régime méditerranéen a déjà fait ses preuves notamment en terme de diminution du risque de maladies cardiovasculaires, de cancers et de mortalité. Quant à son efficacité sur les TGIF, les études sont rares mais prometteuses. Outre deux études épidémiologiques d’observation positives, un essai contrôlé randomisé chez des enfants souffrant du syndrome de l’intestin irritable a montré une amélioration des symptômes et une réduction de l’impact de la maladie sur la vie quotidienne (score de qualité de vie IBS-QoL) avec le régime méditerranéen par rapport au régime standard. Si d’autres études sont nécessaires afin de confirmer son efficacité, le régime méditerranéen a l’avantage d’être bien toléré, sans entraîner d’effet indésirable.