Septembre 2021
Il a souvent été dit que les sujets en surpoids prennent la majorité de leur apport alimentaire en fin de journée. Mais, il convient de ne pas confondre l’heure à sa montre, et l’heure pour son organisme (horloge circadienne), surtout chez des jeunes pour lesquels la journée peut s’achever à 20 h ou au petit matin. Or, de nombreuses publications font référence à l'apport calorique en fonction de l'heure locale, et non en fonction de l'horloge biologique endogène de chaque individu. D’où cette étude transversale examinant la distribution de l'apport calorique et des macronutriments quotidiens au regard de l’horloge circadienne personnelle de 106 jeunes de 18 à 22 ans.
Un rythme biologique très personnel
Pour connaître l’heure du début de nuit biologique de chacun d’entre eux, les participants ont été placés dans une pièce à lumière tamisée. La mélatonine (hormone du sommeil qui marque le début de cette nuit biologique) a été mesurée heure par heure, via la salive. Selon les individus, elle est apparue entre 17h52 et 3h38 (heure locale) ! Les horloges biologiques ne coïncident donc pas nécessairement avec l’heure « à la montre » et peuvent être décalées jusqu’à 10 h entre 2 individus. Dans un souci de simplification, les chercheurs ont exprimé les heures biologiques en faisant référence à un rythme « classique » : par exemple, ≈ 7 h correspond au réveil biologique, peu importe l’heure à la montre (il peut être 5 h du matin à la montre d’un lève-tôt ou midi à la montre d’un lève-tard).
L’enregistrement des prises alimentaires a par ailleurs montré que la consommation calorique la plus basse était enregistrée durant la nuit biologique (≈ 3 h du matin en heure biologique) et la plus élevée pendant la soirée biologique (≈ 19 h en heure biologique). L’apport calorique des sujets est donc en accord avec leur horloge interne. Les calories issues des glucides (pic à ≈ 7 h, creux à ≈ 19 h) et des protéines (pic à ≈ 19 h, creux à ≈ 3h) suivent également un rythme circadien. L’apport calorique lié aux graisses s’avère plus linéaire.
Effet de la masse grasse
Ont ensuite été examinées les différences dans le schéma temporel de la consommation calorique entre les jeunes adultes dits maigres (graisse corporelle < 31 % pour les femmes et < 21 % pour les hommes, mesurée par impédancemétrie) et ceux dits non maigres. Le groupe de sujets non-maigres consommait 8 % de plus de ses calories quotidiennes pendant la soirée biologique (≈19 h) par rapport au groupe maigre : ainsi, les individus non-maigres ont tendance à consommer un pourcentage plus important de leurs calories quotidiennes à une phase circadienne plus tardive que les individus maigres. Par ailleurs, les participants non-maigres consommaient 13 % de glucides de plus lorsque leur horloge biologique sonnait ≈ 15 h. Nombre de ces différences ne se retrouvent pas lorsque l’on fait l’erreur d’étudier ces consommations en heure de la montre ou par rapport aux cycles de sommeil.
Adapter les recommandations
Ces données reflètent l'importance de prendre en compte le rythme circadien de chaque individu, et non l’heure de la montre, lors de la conception de stratégies thérapeutiques : une recommandation de type « éviter de manger après 20h » ne tient pas compte de l’horloge biologique propre à chacun et n’a donc pas de sens pour une partie de la population.
Méthodologie ultra-connectée
L’étude a duré 30 jours durant lesquels les jeunes ont porté un moniteur d’activité au poignet. Une application pour smartphone leur a permis de photographier toutes leurs prises alimentaires sur 7 jours. Leur composition corporelle (afin de distinguer un groupe maigre d’un groupe non-maigre) et leur rythme circadien (apparition de la mélatonine dans la lumière tamisée ou DLMO) a été évaluée durant une hospitalisation de 16 heures.
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