Septembre 2021
L’heure et le contenu nutritionnel des repas constituent de puissants synchroniseurs du rythme circadien. De nombreuses études chez l’animal indiquent qu’ils agissent en tant que signaux, en influençant l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme énergétique. Mais qu’en est-il chez l’Homme ? Pour le savoir, des chercheurs britanniques ont rassemblé dans une revue les avancées majeures sur le sujet.
Une désynchronisation des repas favorise le gain de poids
Les études chez le rongeur l’ont bien montré : lorsqu’on perturbe leur horaire des repas (en leur fournissant leur alimentation durant la phase de repos plutôt que la période active), les rongeurs prennent du poids pour un même apport calorique. Chez l’Homme, le fait de sauter le petit-déjeuner (voir l'article Sauter le petit-déjeuner fait-il grossir ?), de manger tard le soir (voir l'article Chrononutrition : quels liens avec les apports en glucides ?) ou de travailler en horaires décalés (voir l'article Horaires décalés, alimentation chamboulée) semble également associé à un indice de masse corporelle plus élevé et à un risque élevé de troubles métaboliques dans les études d’observation. Toutefois, les mécanismes impliqués restent encore à identifier.
Différents messagers impliqués
Les hormones régulatrices de l’énergie
Les données actuelles indiquent que la perturbation des horaires des repas pourrait modifier la sécrétion de plusieurs hormones endocriniennes impliquées dans le métabolisme énergétique (ghréline, insuline, leptine, cortisol, glucagon, GLP-1), en altérant la rythmicité et l’amplitude de leur sécrétion (voir Figure).
En théorie, selon les auteurs, cela pourrait contribuer à une désynchronisation entre ces hormones et leurs récepteurs, entraînant une réduction de la signalisation et une apparente résistance aux hormones. Cependant, à l'heure actuelle, il existe peu de preuves dans les études humaines que ces altérations de la signalisation endocrinienne soient directement liées à une modification des apports ou de la dépense énergétique.
Influences circadiennes dans la régulation du bilan énergétique.
Un désalignement chronique peut entraîner un déséquilibre énergétique par dérèglement du métabolisme énergétique périphérique et de la signalisation vers le cerveau en lien avec l’apport énergétique et les dépenses énergétiques.
Les neurotransmetteurs et les molécules anti-inflammatoires
Pour les auteurs, d’autres molécules pourraient être impliquées comme les neurotransmetteurs du circuit de la récompense (dopamine, sérotonine). Un apport calorique prédominant le matin aurait ainsi un impact positif sur l’équilibre énergétique en modulant la consommation et la satiété via un renforcement positif des circuits cérébraux de la récompense. Autres molécules à considérer, celles aux propriétés anti-inflammatoires : la perturbation des horaires des repas pourrait agir indirectement sur le métabolisme énergétique en modifiant l’inflammation, qui modulerait à son tour la sensibilité à diverses hormones comme l’insuline et la leptine.
Bien d’autres éléments à prendre en compte
Pour conclure leur travail de revue, les auteurs vont plus loin que la seule caractérisation des mécanismes à même d’expliquer l’effet des rythmes alimentaires sur le métabolisme énergétique. Ils estiment que la conception actuelle des études faisant varier les rythmes alimentaires (saut de petit-déjeuner, jeûne intermittent, Ramadan…) pour en explorer les effets sur les rythmes circadiens et la santé métabolique nécessite d’être ajustée. Plusieurs facteurs devraient notamment être intégrés comme le rôle individuel des macronutriments selon leur horaire de consommation ou encore la prédisposition génétique des individus à développer des réponses négatives aux perturbateurs circadiens. De même, la répartition des apports en glucides et en lipides au cours d'une journée pourrait influencer les signaux endocriniens. La qualité et la quantité de sommeil doivent aussi être prises en compte dans le cas de consommations en horaires décalés.
Autant d’éléments qui rendent encore difficile toute conclusion quant à la capacité de la désynchronisation des rythmes alimentaires à causer une prise de poids ou des désordres métaboliques.
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