Communiquer sur les vertus nutritionnelles des aliments auprès des enfants les encourage-t-il vraiment à en consommer davantage ?
Telle est la question à laquelle des scientifiques américains se sont intéressés dans le cadre d’une étude d’intervention randomisée menée auprès de 87 enfants de 3 à 6 ans pendant 6 semaines.
Vanter les mérites nutritionnels avec un discours adapté
Pour cela, chaque semaine, ils leur ont présenté des aliments initialement peu appréciés : tomates, poivrons verts, lentilles ou quinoa selon les enfants. Au cours de ces expositions répétées, un assistant de recherche engageait la conversation avec l’enfant.
Des expressions vantant les mérites de l’aliment consommé pouvaient alors être introduites ou non dans la discussion. Ces expressions ont été développées dans une précédente étude[1] et adaptées aux enfants dans leur formulation : « Te donne de l’énergie », « Te fait sauter haut / courir vite », « T’aide à apprendre/à te dépenser ».
À noter : elles utilisent des formulations positives et évitent de faire des comparaisons avec d’autres aliments. Les chercheurs ont ainsi mesuré l’effet de ce type de discours sur trois dimensions du comportement alimentaire des enfants : le fait d’accepter de goûter, le degré d’appréciation des aliments et la quantité d’aliment consommée.
Un effet sur la consommation différé dans le temps
Comme attendu, le fait d’accepter de goûter les aliments proposés et leur degré d’appréciation augmentaient au fil des expositions par rapport au début de l’étude (T1). Le fait d’associer des messages nutritionnels n’exerçait pas d’effet supplémentaire sur ces paramètres.
En revanche, les messages nutritionnels provoquaient une augmentation plus marquée des quantités consommées, mais ce uniquement à long terme, lors du suivi des enfants un mois après l’étude (T3), et non juste à la fin des 6 semaines d’expositions répétées (T2).
Les quantités consommées augmentaient de 14 g en moyenne entre T1 et T3 en cas de messages nutritionnels, contre 7 g seulement en leur absence.
Selon les chercheurs, l’absence d’effet à T2 pourrait, soit traduire une certaine lassitude des enfants exposés, semaine après semaine, aux mêmes aliments, soit rendre compte d’un délai d’intégration des messages nutritionnels dispensés, nécessaire pour modifier le comportement des enfants.
Aider les adultes à communiquer sur la nutrition
Quoi qu’il en soit, en complément d’expositions répétées à des aliments sains mais peu appréciés, des messages nutritionnels adaptés aux enfants dans leur formulation peuvent constituer des leviers à même d’améliorer les consommations alimentaires.
Ces messages simples peuvent aussi aider les adultes référents (parents, personnel pédagogique…) à communiquer sur les bienfaits de certains aliments au cours des repas, alors même qu’ils se jugent souvent peu compétents en la matière.