Les défis de la filière betterave-sucre

Europe du sucre : la nouvelle donne

13 octobre 2023

Dans le cadre de l’adaptation à un contexte agronomique, environnemental et économique en constante évolution, les défis que doit relever aujourd’hui la filière betterave-sucre sont nombreux.

Il s'agit de :

- sécurisation de l’approvisionnement des usines dans un contexte de réduction des produits phytosanitaires, dans l’attente du déploiement de nouvelles techniques génomiques.

- décarbonation des procédés, et plus largement, mise en œuvre des stratégies du Pacte Vert pour l’Europe.

- maintien de la compétitivité face à l’ouverture grandissante du marché de l’UE via des accords de libre-échange conclus avec des pays/zones aux conditions de productions moins-disantes, ouverture accrue par le soutien apporté par l’UE à l’Ukraine via l’octroi d’un accès au marché de l’UE sans limite et sans droit de douane.

La filière betterave/sucre française exerce son activité dans le cadre européen et fait également face à la concurrence mondiale de grands pays sucriers bénéficiant de conditions de production souvent plus favorables.

La France est le premier producteur de sucre de l’UE, avec une production annuelle de l’ordre de 4 Mt en Métropole (à partir de la betterave) et 0,2 Mt dans les DOM (à partir de la canne). Elle est fortement exportatrice, essentiellement vers les pays de l’UE déficitaires en sucre (Italie, Espagne…). Hors UE, les principales destinations sont le Royaume-Uni, et les pays situés en Afrique de l’Ouest et du Nord, ainsi qu’au Moyen-Orient.

La fin du régime des quotas en 2017

Au sein de l’Union européenne, le sucre était régi depuis 1968 par une « Organisation commune du marché du sucre » (OCM), établie dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC) et basée sur des quotas de production et un soutien des prix. Cette OCM a été réformée une première fois en 2006 pour s’adapter aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et accroître l’ouverture du marché communautaire aux importations de sucre en provenance des Pays les moins avancés (PMA) et de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP). Puis une seconde fois en 2013 dans le cadre d’une nouvelle réforme de la PAC. A l’occasion de cette dernière, les quotas de production de sucre et le prix minimal réglementaire de la betterave ont été abandonnés, avec effet au 1er Octobre 2017.

Depuis 2007, le secteur sucre est intégré dans une OCM unique regroupant l’ensemble des produits agricoles régis par la PAC.

Le marché du sucre en 2023

Le marché du sucre est resté bien orienté en 2023, condition de la résilience de la filière.

Après une longue période de très bas niveaux, les cours mondiaux du sucre, tirés par le retour en 2021 de la croissance économique et la fin de la pandémie Covid favorisant une reprise de la demande mondiale, ont poursuivi leur progression en 2022.

Le prix communautaire du sucre, relevé par le système d’information sur les prix du sucre de l’UE, a également poursuivi sa progression et retrouvé, après plusieurs années de crise sévère, un niveau permettant davantage de faire face à un contexte économique fortement dégradé et une inflation des coûts de production.

Les planteurs de betteraves et les sucreries ont en effet subi, comme l’ensemble des IAA, la hausse sans précédent des coûts des intrants industriels et de l’énergie, hausse qui est venue renchérir très fortement et dès 2021 les coûts de production, tant pour les cultures (engrais…) que pour le procédé sucrier, fort consommateur d’énergie. La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine en 2022 est venue aggraver cette évolution.

Une concurrence inéquitable dans les échanges internationaux

Le secteur sucre de l’UE évolue dans un marché mondial au sein duquel des pays grands producteurs et/ou exportateurs de sucre (Brésil, Inde, Australie…) ont recours à des politiques très affirmées de soutien public à leur filière canne-sucre notamment en Inde, dont la production a connu un développement sans précédent au cours des années récentes (le soutien public indien a d’ailleurs été condamné en première instance à l’OMC et jugé incompatible avec les engagements de l’Inde à l’OMC). Nos concurrents bénéficient également de conditions de production (sociales et réglementaires) leur offrant des avantages de compétitivité contre lesquels il est difficile de lutter à armes égales.

L’UE a pourtant poursuivi et développé sa politique d’importation préférentielle de sucre. Celui-ci provient essentiellement de pays/zones où il bénéficie précisément des conditions évoquées précédemment. L’UE importe ainsi, du fait des nombreux accords commerciaux qu’elle a conclus, un volume important de sucre dans le cadre de contingents préférentiels : près de 800 000 t à droit réduit et plus de 700 000 t sans droit de douane. Les importations de sucre en provenance des PMA et des pays ACP peuvent de plus entrer dans l’UE sans droit de douane et sans limitation en volume. Au total, ce sont près de 2.5 millions de tonnes en moyenne annuelle qui ont été importées à titre préférentiel au cours des dernières années, soit environ 15% de la consommation de l’UE.

Enfin la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a amené l’UE à offrir à ce dernier pays un accès à son marché du sucre sans limite ni droits de douane. L’Ukraine disposait jusqu’à juin 2022 d’un accès préférentiel à droit nul dans le cadre d’un contingent d’environ 20 000 t. Les exportations de sucre de l’Ukraine vers l’UE se sont ainsi accrues jusqu’à environ 350 000 t sur la campagne 2022-2023, augmentant d’autant le volume des importations préférentielles de l’UE.

Les enjeux de la durabilité

La filière betterave/sucre française dispose néanmoins d’atouts de compétitivité dans le concert international. Grâce à son avance prise dans les domaines agronomique et scientifique, notamment au plan de l’amélioration variétale, la France enregistre des rendements en betterave et en sucre à l’hectare parmi les plus hauts du monde.

Les enjeux liés à la transition écologique durable se font toutefois de plus en plus pressants et impriment de nouvelles contraintes agronomiques (réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, …), renforcement des objectifs de décarbonation.

La volonté de la Commission européenne de faire de l’Europe, dans le cadre du Pacte Vert qu’elle propose aux Etats membres, le premier continent climatiquement neutre à l’échéance 2050 trace un chemin lourd de défis à relever.

Encore faut-il que les conditions pour le faire soit établies. L’exemple du fort développement de la jaunisse virale sur la récolte de la campagne 2020/21 a démontré que la suppression de l’utilisation des solutions phytosanitaires préalablement disponibles sans solution alternative détériorait les conditions de la résilience de la filière.

Encore faut-il également que nos concurrents sur le marché mondial soient également mis à contribution pour une transition écologique équilibrée et juste.

La filière betterave/sucre française souhaite transformer ces contraintes en opportunités. Elle a déjà su s’adapter et continuera de le faire. Au plan industriel par exemple, les acteurs de la filière ont engagé d’importants programmes d’investissements visant à réduire de manière drastique la consommation énergétique des sucreries. Avec, à la clé, un gain de compétitivité et une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre.

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