Jean-Philippe André, Président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA)

« L’agroalimentaire est reconnu comme un secteur stratégique pour l’économie et la souveraineté alimentaire de la France. »

Jean-Philippe André, Président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA)

27 octobre 2021

Élu à la présidence de l’ANIA en juin dernier, Jean-Philippe André a consacré toute sa carrière au secteur alimentaire et bénéficie d’une solide expérience de l’univers du sucré où il a notamment dirigé Haribo France et le syndicat professionnel Confiseurs de France. Pour Grain de sucre, il revient sur sa vision d’un secteur agroalimentaire fier de ses acteurs et fort d’atouts qui en font « une pépite de la Maison France ».

Sous quel signe placez-vous votre mandat ?

J’ai été élu en juin dernier pour porter un message fort auprès de tous nos publics : il faut renforcer l’attractivité de la première industrie du pays. L’agroalimentaire est une « pépite » pour notre économie, au même titre que l’aéronautique ou le luxe, avec plus de 15 000 entreprises dont 98 % de PME, plus de 440 000 emplois et presque 2 millions d’emplois induits. Nos entreprises sont des acteurs de la souveraineté alimentaire du pays en transformant quotidiennement plus de 70 % des matières premières agricoles françaises.

Au sein de l’ANIA, mon objectif est de rassembler et de travailler main dans la main avec nos 30 syndicats métiers, nos 17 Associations régionales et toutes les entreprises, qu’elles soient petites ou grandes. Nous devons chasser en meute pour faire rayonner nos métiers et porter haut la voix du secteur !

La crise sanitaire a démontré la capacité du secteur à sécuriser les approvisionnements alimentaires. Quels enseignements les acteurs en ont-ils tirés et comment se projettent-ils dans l'après-crise ?

Même s’il faut rester prudent car elle n’est pas encore terminée, la crise a mis en lumière l’agilité, la créativité et la solidarité de notre secteur. L’industrie agroalimentaire a été et reste résiliente puisque même au plus fort de la crise, tous les points de vente ont été livrés, en dépit de difficultés d’approvisionnement et de transport. Le secteur n’a pas détruit d’emplois et continue d’en créer, avec plus de 7 000 embauches depuis mars 2020 alors qu’on observe une destruction d’environ 33 000 postes dans le reste de l’industrie. Néanmoins, le marché de la Restauration Hors Domicile (RHD) a été très durement touché et n’a toujours pas retrouvé ses positions d’avant crise. Les entreprises fournisseurs du RHD témoignent d’une perte de chiffre d’affaires comprise entre 30 % et 40 % sur un an, avec un manque à gagner en 2020 estimé à 31 milliards d’euros et 1,8 milliard de repas non servis. Il est important de les accompagner dans leur retour à une activité normale.

Mais au-delà de la crise Covid, il est important de rappeler également d’où nous partons : le secteur agroalimentaire subit depuis huit années consécutives une destruction de valeur (6 milliards d’euros depuis 2013) sans commune mesure avec le reste de l’industrie, les prix alimentaires n’ont fait que baisser en rayon. Cette guerre des prix a fragilisé toutes les entreprises. Ce n’est plus tenable ! Nous souhaitons que la réalité économique des entreprises soit enfin prise en compte. Le secteur agroalimentaire français doit absolument se redresser pour relever notamment les défis de la souveraineté alimentaire du pays et répondre aux attentes des consommateurs pour leur offrir des produits toujours plus sains, durables et accessibles à tous.

Ceci étant dit, il nous faut désormais penser l’avenir de notre industrie. Le 12 octobre dernier, lors des annonces d’Emmanuel Macron pour France 2030, le Président a reconnu l’agroalimentaire comme « secteur stratégique » pour l’économie du pays. C’est tout le sens des propositions concrètes que nous lui avons présenté pour faire de la France la championne du monde de l’alimentation.

La crise a également révélé de nouvelles attentes chez les consommateurs : made in France, circuits courts… Comment le secteur entend-il y répondre ?

Les attentes des consommateurs sur ces sujets sont légitimes et vont en réalité bien au-delà de la production locale qui est déjà au cœur de notre ADN. Le secteur agroalimentaire est aujourd’hui à la croisée des transitions environnementales (enjeux sur la décarbonation des sites de production, production et gestion des emballages, lutte contre le gaspillage alimentaire…), des transitions numériques (enjeu sur l’information des consommateurs et données digitales) et des transitions technologiques avec des projets innovants qui façonneront l’alimentation de demain favorable à la santé (projets sur les protéines et ferments du futurs). Le momentum est important pour la première industrie de France. La vision que nous portons se traduit en plans d’actions « focus » sur ces grandes priorités mais nécessite, encore une fois, à court terme la reconstitution de la valeur au sein de notre filière.

Il existe un écart entre le service rendu par l’agroalimentaire au consommateur et certaines manifestations de défiance, voire de dénigrement. Comment restaurer la confiance et valoriser l’image des industries alimentaires ?

Nous devons absolument réaffirmer haut et fort que le secteur agroalimentaire contribue à une alimentation toujours plus saine, plus sûre, plus innovante et au plaisir gustatif. C’est tout l’engagement de l’ANIA depuis de nombreuses années. Jamais dans l’histoire nous n’avons atteint un tel niveau de qualité mais aussi d’innovation dans notre alimentation. Nos produits et notre culture du « bon et bien manger » sont enviés dans le monde entier. Il est donc primordial de les faire connaitre le travail des femmes et des hommes engagés qui produisent au quotidien notre alimentation. C’est pourquoi, cette année encore, nous poursuivons notre opération de portes ouvertes à destination du grand public « Découvrez ce que vous mangez », qui se tiendra les 18, 19 et 20 novembre prochains, afin d’inviter les consommateurs à visiter les sites de production et découvrir les process de fabrication de leurs produits préférés. Ainsi ils pourront poser leurs questions en direct aux fabricants. : c’est un signal fort de notre secteur, visant à répondre aux attentes sociétales actuelles. Nous sommes convaincus que c’est par l’ouverture, la pédagogie, le dialogue et les preuves concrètes que nous renouerons durablement la confiance avec le consommateur et reconstruirons l’attractivité de nos métiers.

Quelles sont les positions de l’Ania sur les questions d’information au consommateur ?

L’ANIA est favorable à une information plus simple et lisible pour les consommateurs. L’apposition du Nutri-Score est volontaire et doit rester une décision de chaque entreprise. Nous accompagnerons les entreprises qui le souhaitent dans son déploiement. L’ANIA est tout particulièrement engagée pour mettre à disposition des consommateurs toutes les informations relatives aux produits, de manière fiable, dématérialiséeet sécuriséec’est pourquoi elle soutient la plateforme Numalim.

Les produits sucrés ont-ils toute légitimité à revendiquer les valeurs de plaisir et de gourmandise auxquelles ils sont associés ?

Cela fait désormais quinze ans à présent que j’opère via Haribo dans le domaine de la confiserie. Et la confiserie c’est avant tout la consommation de « plaisir », ce mot est assumé et n’est pas incompatible avec le fait que nos produits ont pleinement leur légitimité au sein d’un régime alimentaire varié et équilibré. Chaque entreprise travaille au quotidien à l’amélioration nutritionnelle de son offre alimentaire et beaucoup ont déjà réduit la teneur en sucres, en sel ou encore en gras de leurs produits soit en les reformulant, soit en proposant de nouvelles recettes.

Nous nous attachons également à développer des formats individuels, dont les tailles de portions correspondent aux recommandations de santé publique, permettant ainsi aux consommateurs de mieux contrôler les quantités qu’ils consomment. Enfin nous avons un rôle extrêmement important à jouer en matière d’éducation alimentaire, c’est pourquoi l’ANIA et ses entreprises sont fières de relancer à partir de la fin de l’année, la 3e campagne TV de « Programmes Courts » visant à promouvoir chez l’enfant l’adoption des bons comportements de vie, d’alimentation et d’activité physique. Nous croyons profondément que l’interdiction, la taxation ou la stigmatisation des produits alimentaires ne sont pas des réponses adaptées. Ainsi, nous continuerons toujours de privilégier une réponse globale, placée sous l’égide de l’information, de l’éducation, de la pédagogie, de la transparence et d’une politique plus active de prévention.

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